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OSTÉOPATHIE ET ENDOMÉTRIOSE

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est la présence de tissus semblables à l’endomètre (une des tuniques de l’utérus) en dehors de l’utérus(1). 

La définition des dossiers de presse de l’INSERM(2) est intéressante : c’est un syndrome complexe caractérisé par un processus inflammatoire chronique dû à la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus.

Cette définition amène d’emblée certaines réflexions :

  • Le mot « syndrome » désigne un ensemble de symptômes ou signes cliniques. Il existe une très grande variation de symptômes. Chaque femme est différente, il y a autant d’endométriose que de femmes « endométriosées » ! Et, plus important encore, l’endométriose ne définit pas une femme !
  • Il y a le mot complexe… Oui complexe car plusieurs origines, plusieurs causes et de multiples effets. L’endométriose peut toucher une multitude d’organes ou de tissus. Chez certaines patientes pour une même atteinte, les symptômes vont à peine être présents, chez d’autres, cela va être un enfer. Et enfin complexe car les atteintes siègent dans divers endroits, donnant des signes cliniques parfois hétéroclites et sans rapport les uns avec les autres. Cela déroute beaucoup le clinicien habitué a bien ranger chaque symptôme dans une case !! Penser l’endométriose nous oblige à quitter le référentiel "organe" pour aller vers le référentiel fonction. Les patientes se plaignent de la vessie, de l'intestin, de l'urètre, de la région anale, consultent les spécialistes pour chaque organe. Sauf dans l'endométriose sévère, dans laquelle les organes sont touchés, la plupart du temps les organes vont bien, l'endométriose modérée n'est pas une maladie d'organe. Les patientes ne se sentent pas écoutées dans leur douleurs. Elles ont mal, parfois à se désociabiliser, et on leur dit que tout va bien. C’est bien pour cette raison que l’endométriose a été si longtemps ignorée ou peu appréciée. En plus, c'est une maladie de femme, je vous laisse terminer la phrase… Heureusement, la prise de conscience du monde médical de la douleur commence petit à petit à se faire.
  • Il y a les mots « inflammatoire chronique ». L’inflammation et notamment digestive est souvent le premier signe de l’endométriose. Les conséquences de l’inflammation sont le « collage » des tissus, les adhérences. Et c’est là toute la place de l’ostéopathie, nous  reviendrons par la suite. Cependant, nous verrons que le terme inflammation chronique dérive plus vers la neuropathie chronique (maladie des nerfs). Si l’inflammation primait, les anti-inflammatoires médicamenteux fonctionneraient(3).
  • Cette notion de tissu semblable est importante. En effet, on sait maintenant que le tissu endométrial présente des propriétés bien différentes que l'endomètre des femmes non atteintes. Nous verrons aussi que les implants d'endométriose retrouvés dans l'endométriose superficielle ne sont las les mêmes que ceux de l'endométriose profonde.

Les origines ?

On ne connait toujours pas bien les causes de l’endométriose. Il existe plusieurs hypothèses quant à son origine. Une publication recense plus de 170 causes possibles. Cependant on peut les classer ainsi :

Il existe ainsi deux hypothèses, chacune ayant leurs caractéristiques.

  • La théorie de l'implantation décrit principalement un reflux des implants d'endométriose dans les cavités péritonéale (abdomen) et pelvienne (bassin) au travers des trompes. Au départ, on pensait que les cellules de l’endomètre migraient des trompes vers le tissu intestinal, et il en restait toujours un peu qui n’étaient pas évacuées lors des cycles. C’est la théorie de la menstruation rétrograde. Seulement cela n’explique pas complètement l’endométriose puisque presque toutes les femmes présentent ce mécanisme, or toutes les femmes n’ont pas d’endométriose. Il faut que les cellules de l’endomètre puissent se fixer et rester in situ. Pour que ce mécanisme de nidification puisse se faire il faut développer une nouvelle vascularisation. Ce sont les hypothèses du stress oxydatif et de la théorie composite favorisant une angiogenèse(4) (création d’une nouvelle vascularisation).
  • Les théories de transformation des cellules embryonnaires en tissu endométrial sous l'effet de processus inflammatoire. C’est la théorie métaplasique.

En fait aucune théorie n'est suffisamment complète pour expliquer, l'endométriose retrouvée en dissection sur certains fœtus, l'endométriose chez les hommes avec un traitement œstrogènique lors d'un cancer de la prostate, la multiplicité de tous les endroits possible.

  • L'hypothèse génétique et environnement peut expliquer pour certaines femmes ont plus d'attente sur une région, un organe, plus d'endométriose ovarienne, que superficielle, ou bien profonde, etc… On sait que l'endométriose est une maladie génétique portée sur plusieurs gènes, et présente plusieurs expressions que l'on appelle, phénotypie.
  • Cependant une théorie très intéressante, (voir la vidéo) est celle de Leyendecker. Elle permet en accord avec la génétique de comprendre les 4 endométrioses possibles. Je vous invite à visionner la vidéo (7 min)

 

Mon expérience :

Quand j’ai fait la bascule de la kinésithérapie vers l‘ostéopathie, j'ai vu arriver au cabinet des patientes qui souffraient du dos pendant leurs cycles. J’ai alors investi le monde viscéral. Ma pratique s’est affinée, ma main aussi. L'endométriose est une hyperœstrogénie autant pour conséquence des états inflammatoires locaux, non sensibles aux anti-inflammatoires, irritant les terminaison libres nerveuse et créant à terme des neuropathies.. Il se développe des adhérences, une diminution des plans de glissement entre les différents feuillets péritonéaux (l’enveloppe qui entoure l’intestin). Mais quand on connait l’embryogenèse (la création des tissus et organes) on comprend que la limitation des plans de glissement ne se limite pas au seul tissu intestinal, mais aussi au tissu vasculaire, neurologique et lymphatique.

L’endométriose pelvienne profonde se définit par une l’infiltration du péritoine de plus de 5mm(8). Plus récemment, une nouvelle définition suggère de ne prendre en compte que l'atteinte de la musculeuse (couche musculaire) des organes adjacents à l'uterus. On parlerait maintenant d’atteinte musculaire pour définir l’endométriose profonde(9).

Définition ostéopathique de l’endométriose :

Au final, la définition « ostéopathique » de l’endométriose pourrait être : « atteinte multifocale (à plusieurs endroits) des plans de glissement de l’ensemble des tissus atteints par la présence de cellules provenant (ou ayant parenté) de l’endomètre, liée à un syndrome inflammatoire de basse intensité chronique. La diminution de la sérosité (le fait que les tissus glissent et bougent les uns par rapport aux autres) entraine une diminution de la vascularisation artérielle, un engorgement veineux et lymphatique (perturbation de la neuro-immunité) et une irritation nerveuse provoquant une neuropathie (maladie des nerfs).

Nous allons prendre 4 pages pour expliquer l’endométriose, ses conséquences et ce que l’on peut faire en ostéopathie.

  • La première page sera consacrée à l'adénomyose et l'endométriose ovarienne ou endométriome.
  • La deuxième page est destinée au monde viscéral et aux similitudes avec le syndrome de l’intestin irritable.
  • La troisième page sera consacrée aux atteintes pelviennes, gynécologiques, urinaires et anales et comment l’ostéopathie intra-pelvienne (réservée aux professionnels de santé) peut apporter des solutions
  • La quatrième page sera consacrée à la phénoménologie de l'endométriose, la fibromyalgie, le syndrome douloureux régional complexe, et au syndrome de serrage dentaire (bruxisme).

Suite…

 

 

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1 : HAS. Prise en charge de l’endométriose, Démarche diagnostique et traitement médical. Recommandations bonne pratique. 8p. , 2017.

2 :  https://presse.inserm.fr/fertilite-endometriose-linserm-fait-le-point-sur-les-recherches/34633/

3 : Petit E, Lhuillery D, Loriau J, Sauvanet E. Endométriose, Diagnostic et prise en charge. Elsevier Masson SAS, 2020 p76.

4 : Dupas C, Christin-Maitre S. Quelles nouveautés sur l’endométriose. Annales d’endocrinologie 2008;69:S53-S56.

5 : Lefebvre A, Huchon G. Le poumon cataménial. Rev Med Suisse 2003;1:22940.

6 : Maghous Y. Endométriose urétérale. Thèse pour l’obtention du Doctorat en Médecine, Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, 2006.

7 : Kouto Fichet G, Aubé C, Lebigot J, Pessaux P, et al. Kyste endométriosique hépatique, à propos d’un cas clinique. J Radiol 2004;85:124-7.

8 : Koninckx P, Meuleman C, Lesaffre E, Cornille F. Suggestive evidence that pelvic endometriosis is a progressive disease, whereas deeply infiltrating endometriosis is associated with pelvic pain. Fertility and Sterility 1991;55/4:759-765.

9 :  Borghese B, Santulli P, Streuli I, Lafay-Pillet M.-C, et al. Récidive de la douleur après chirurgie pour endométriose profonde : pourquoi ? que faire ?. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2020;43:.